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Merci, patron !

 

…………………………………………………………………… 27ème épisode        

 

Mon Essentiel, travaillait toujours à Paris/La Défense, le quartier d’affaires le plus important d’Europe. Elle aimait son ambiance si particulière et la sensation de liberté que lui renvoyait l’environnement. Du reste, elle éprouvait une certaine fierté de compter parmi les employés d’une grosse société telle que la « S.A.G.A. », dont le P.D.G., était issu d'une famille prestigieuse. Pour des questions de management, les employés, pouvaient être mutés au sein même de l’entreprise. Christiane n’avait pu contourner ce précepte. Il ne s’agissait pas d’être mutée à Trifouilli les Oies mais, uniquement de descendre ou monter quelques étages en plus ou en moins. A deux reprises, il avait été impératif qu’elle s’acclimate à de nouvelles règles de travail et qu’elle s’accommode de ses nouveaux collègues ; sympathiques ou pas…

Son Directeur et Chef hiérarchique, Monsieur Jean-Marc D..., était un homme à poigne. Il savait diriger son équipe sans profiter de son statut de grand chef. Marseille, d’où il était natif, lui avait légué l’accent chantant de Pagnol, ainsi qu’un tempérament volubile et un goût prononcé pour les jurons, spécifiques au Sud-est de la France. C’était un bon vivant qui savait apprécier la bonne cuisine et les vins de qualité… Et, peut-être ou sans doute… les femmes ! Il savait dissocier détente, bonne humeur et travail. En tant que cadre, il en imposait, tant par son physique puissant et viril que par sa verve et son intelligence. Chez « TRANSFRET» on ne chômait pas. On bossait dur, dans un climat sain et jovial. Christiane, avant d’être la secrétaire particulière de son Directeur, était également celle de Madame P…, une femme brillante mais, peu encline à la bagatelle. Une main de fer dans un gant de velours ! Hormis ces fonctions officielles, la jeune femme, devait assumer la frappe de tous les documents et télex, prendre le courrier en sténo et autres travaux variés.    Monsieur Jean-Marc D…, s’appliquait à se montrer ferme avec sa secrétaire, qu’il avait tendance à traiter comme une gamine. « C’est pour son bien… » Prétendait-il. Et qui aime bien châtie bien ! Christiane, tapait sur sa machine à écrire, à une vitesse déconcertante et sans regarder son clavier. Par contre, l’apprentissage de la sténo, plus exactement, de l’écriture rapide (Spead Writing) était toute récent. Elle manquait cruellement de pratique. Aussi, lorsque son patron lui dictait du courrier, emporté par son caractère impétueux, il dépassait une cadence qu’elle avait du mal à assumer. Résultat, lors de la frappe, elle s’empêtrait dans les mots, les verbes et les phrases, sur lesquels elle séchait, en se mordant les lèvres d’anxiété. Par orgueil, elle ne pouvait se résoudre à avouer – à qui de droit – qu’elle butait sur certains termes. D’où, des erreurs d’interprétation qui irritait son patron. Comme ses emportements retombaient aussi vite qu’ils avaient surgis, il recouvrait son calme et, pris de remords, la réconfortait comme il pouvait. Pour Christiane, la prise en sténo était devenue un cauchemar. Quand elle entendait « Mademoiselle Dailly, s’il vous plait, prenez votre bloc… ». D'emblée, elle avait les jambes en coton et le cœur qui s’emballait. Ceci expliquant cela, elle ne pouvait dominer ce manque de confiance en elle et omniprésent, qui la paniquait et lui paralysait le cerveau. Irrémédiablement, elle perdait le contrôle et c’était la cata ! Et ce, au vu et au su de tous ses collègues ! Ce qui chatouillait son amour-propre. Un jour, son patron, lui proposa un marché : Comme à l’école, moins de fautes elle ferait, plus elle aurait de bons points. Et ceci, jusqu’à ce qu’il eût obtenu satisfaction ! Croyant bien faire, il ne pouvait réaliser que ce manque d'assurance, était dû à une enfance déchirée et tourmentée. Christiane, avait toujours su mettre une distance entre ses collègues et elle-même. En dépit de toutes ses frasques, elle restait timide, complexée et sans en avoir conscience, elle ce ne cessait de se chercher. Un indicible mal de vivre la bloquait en permanence et l’empêchait d’exister et de s’affirmer en tant qu’être humain… Et cette hypersensibilité, extirpée des secrets les plus intimes de son âme, la faisait larmoyer à la moindre réflexion ou allusion, dirigée à son encontre. Toutes ces faiblesses, altérait l’image qu’elle aurait souhaité que l’on eût de sa personne !   En principe, son patron, tout en étant compréhensif, restait distant avec ses employés. Pas de familiarités. Que ce soit d’un côté ou d’un autre. Uniquement de la cordialité et de la bonhomie. Jean-Marc aimait plaisanter. Parfois, il taquinait, racontait un canular en rigolant de bon cœur. Or, ça n’allait pas au-delà. Hormis les frappes de documents, Christiane, envoyait chaque jour un nombre conséquent de télex (ce qui suppléait, en quelque sorte, les emails d’aujourd’hui). Surtout en soirée, elle devait retranscrire à une cadence inouïe, des listes de wagons chargés de céréales avec leur numéro et leur tonnage, qui devaient être transmises d’une traite.    

C’était un après-midi ordinaire. Mon Amérique à moi, était assise devant l’un des deux télex que comptaient l’espace de bureau et Jean-Marc, son patron, était positionné juste derrière son dos. Ils étaient en ligne direct avec un client italien très important. Ce dernier, ayant entamé une négociation épineuse, un débat houleux venait de s'engager. A chaque réplique du client, Christiane, répondait sous la dictée de Jean-Marc. Mon Essentiel, bien que concentrée sur sa tâche, sentit qu'une main s'égarait sur son épaule. En s’efforçant de masquer son trouble, Christiane, continuait à taper en canalisant ses pensées. Le contact de ces doigts rugueux sur peau  fit frissonner chaque fibre de son corps.   Les semaines qui suivirent lui confirmèrent son ressenti. Son Chef, était devenu plus souple et plus indulgent, envers elle. Ses regards, qui s’attardaient sur son décolleté, ses gestes furtifs qui ne faisaient que la frôler et ses sourires enjôleurs, venaient corroborer ce qu’elle redoutait : la tentation du fruit défendu. Aurait-elle la force d’y résister ? Ce qu’elle savait de J.M. D…, était mince ! Il est âgé de quarante-deux ans, était très mariée et avait un fils qu’il adorait.   D’autre part, cette histoire ne l'étonnait qu'à moitié. Jean-Marc, en plus d'être marseillais, était d’origine italienne. Et, les italiens, ont la réputation d'avoir le sang chaud ! ......................................................................................................... A suivre A plus, les blogueurs !

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