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Alain Delon, aurait "dérapé"

Delon : sa fille obligée de montrer patte blanche…

anouchka-delon

 

Le 9 septembre 2013

François
Delaître
Artisan.

« Alain Delon dérape ! », titraient de nombreux médias cette semaine.

Le « dérapage » avait lieu en direct dans l’émission « C à vous » sur France 5, sous le regard aussi bienveillant qu’inquiet de sa fille Anouchka, qui l’accompagnait pour la promotion de leur pièce de théâtre. Naturellement, le « dérapage » qui turlupine tant les commentateurs n’avait rien d’une cascade.

Le journaliste de nos jours est plus « figuré » que « propre » dans son langage, et ce qu’il commentait cette semaine tient davantage du procès que d’un hommage à l’agilité de l’acteur aux 56 ans de carrière.

L’origine du scandale est un passage d’une entrevue accordée cet été au Figaro Magazine, dans lequel Alain Delon exprimait tout le mal qu’il pense de notre époque, et notamment de ses mœurs :

« Il fut un temps où, dans la rue, on distinguait les hommes et les femmes, maintenant, on ne sait plus qui est qui. Les rôles sont moins définis, ils se sont parfois même inversés, comme avec le congé paternité.

Et puis, on a l’air de sous-entendre qu’être avec quelqu’un du sexe opposé ou du même sexe, c’est pareil. Ça, c’est grave! Je ne suis pas contre le mariage gay, je m’en fiche éperdument, mais je suis contre l’adoption des enfants. On va encore me dire que je dois m’adapter et vivre avec mon temps… Eh bien je vis très mal cette époque qui banalise ce qui est contre nature. Quitte à passer pour un vieux con, ça me choque! »

Par un raccourci bien commode, le propos d’Alain Delon passé dans la centrifugeuse médiatique tient désormais en trois mots : « l’homosexualité est contre-nature ». Qu’importe si monsieur Delon ne s’est pas tout à fait exprimé en ces termes, le délit d’opinion est acté.

 

Notre société est arrivée à un point de vacuité tel qu’elle ne vit plus que par la polémique. On ne réfléchit plus, on s’indigne, et au moindre mot non homologué sur un sujet sacré de notre époque, la machine s’emballe. Et les mots choquent bien plus que les comportements.

 

Il n’est pas du tout choquant, par exemple, de constater que le climat idéologique délétère de notre temps oblige une fille à l’évidence proche et fière de son père à se désolidariser publiquement de lui, pour se sauver socialement. À défaut de renier son père, Anouchka Delon tentait de montrer patte blanche sur Twitter au lendemain de l’émission, sous la pression des indignés à temps plein.

Il n’est pas choquant non plus de diagnostiquer publiquement et collégialement une maladie mentale à un homme, maladie illégale qui plus est. Les plus indulgents excusent plus ou moins l’acteur en vertu de son âge, considérant de fait son expérience de la vie comme une tare insurmontable, ce qui, cela non plus, n’a rien de choquant.

« Homophobe », beuglent-ils ? Ouvrons un dictionnaire… « homophobie : du grec homo (semblable) et phobos (peur) ». Alain Delon aurait donc peur de ses semblables ?

Lorsque les mots n’ont plus de sens, il n’y a plus rien à dire.

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