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Tchao, Saint-Ouen !

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.......................................................................................... 19ème épisode

 

Christiane était en pleine euphorie ; excitée comme une puce ! La présente locataire, Mlle… l'occupante de l’appartement qui venait de lui être alloué, l'avait sollicité à venir le visiter. Conformément à leur conversation téléphonique, Christiane, s'était engagée pour le vendredi suivant? en soirée. Une fois sortie de la station de métro, ne sachant de quel côté se diriger, elle dut prospecter un bon moment, pour trouver la bonne direction. Au bout d’un quart d’heure de marche, elle accéda à une grande avenue sur laquelle donnait sa prochaine résidence. Indécise, quant à prendre à gauche ou à droite, elle aborda un passant qui lui indiqua une rue juste en face, qui aboutissait sur le quai.  « Une fois arrivée sur la Seine, vous tournez à gauche et ensuite, tout droit ; vous ne pouvez pas vous tromper » lui précisa, l’inconnu.

 

En effet, l’immeuble, vu de l’extérieur, n’était pas très esthétique ; par contre, les fenêtres donnaient sur le fleuve. Par cette température qui effleurait encore les trente degrés, c’était plutôt une bonne nouvelle ! Christiane, sous l’effet de l’excitation, transpirait à grosses gouttes. C’est en  prenant le minuscule ascenseur, qu’elle accédat au huitième étage. « Sortie de l’ascenseur, c’est à gauche, lui avait  indiqué Mlle….     Après un bref instant d'hésitation, la jeune femme se décida à frapper. La dame qui lui ouvrit la porte était grande, maigre et son visage émacié, accusait la soixantaine bien tassée. Elle s’appelait Mlle… Ridicule, certes ; mais, elle était toujours célibataire ! Son accueil fut des plus sympathiques. En pénétrant dans l’entrée, Christiane, posa son regard sur un téléphone orange posé sur une console. Ca, c’est du bonus ! se dit-elle, intérieurement. Le petit deux pièces de trente-huit mètres carrés était dans un piteux état ! Les murs de la cuisine étaient criblés de trous, comme s’ils avaient subi un raid aérien… les planchers de la salle à manger et de la chambre étaient maculés de traces noirâtres ! Et les toilettes et la salle de bain, sollicitaient un sérieux coup de jeune. Et quelle chaleur ! Méditait Christiane, en songeant à toutes les transformations à réaliser. « Il fait chaud, n’est-ce pas ? » Lui fit remarquer la vieille fille, comme si elle avait pu lire dans ses pensées. Tout en soupirant et s’essuyant le front, elle lui expliqua que la chaleur était la raison principale de son départ pour la banlieue ; mais également, le bruit infernal du train d’en face, qui entravait son sommeil. Toutefois, en pesant le pour et le contre, l’appartement avait un point fort non négligeable. Aux yeux de la jeune femme, c'était le super loto ! Dans chaque pièce, se trouvait un gros radiateur en fonte. Ce qui qui laissaient nécessairement penser au chauffage central ! Attirée par le balcon, Christiane pu découvrir la vue sublime de la Seine qui, sous un ciel immaculé, se laissait bercer au gré du vent. Au terme de la visite, Christiane et Mlle…, se quittèrent en se souhaitant bonne chance.

 

Mon absolu repartit satisfaite et grisée d’enthousiasme. Bien que… Le quartier, l’environnement, les gens, les boutiques… tout détonnait par rapport au quartier de son enfance. Or, ne peut pas tout avoir ; le beurre et l’argent du beurre ! L’aménagement et la signature du bail furent fixés à la mi-septembre de l’année 1977. Pour notre jeune locataire, une page essentiel de sa vie, allait se tourner.

Bouddha, le sage, ne suggérait-t-il pas,

«Le secret d’un corps et d’un esprit sains, est de ne pas pleurer sur le passé, ne pas s’inquiéter du futur, ni d’anticiper ses tourments mais, de vivre sagement et sincèrement, dans l’instant présent. »

  

Deux déménagements s’imposèrent. Celui du 18ème arrondissement et Paris et celui de la rue des Rosiers ; ce qui ne fut pas une mince affaire ! Enfin, Juste, en mec débrouillard, fit un S.O.S. à ses copains qui se plièrent en quatre, pour les aider. Ce qui fut un succès. Pendant plusieurs semaines, celui-ci s’attela à rénover l’appartement qui ne demandait que cela ! Pour commencer, les trous des murs de la cuisine, des W.C. et de la salle de bain, furent bouchés et peints. Pour dissimuler le parquet souillé, on posa de la moquette sur les sols de la salle à manger et de la chambre ; dans la cuisine, on posa du linoléum. Toute la décoration fut confiée à la spécialiste en la matière, Christiane, qui s’en chargea avec un plaisir certain. Elle souscrivit à France Télécom et, fin octobre, les radiateurs commencèrent à chauffer. L’osmose !

 

Apparemment, tout baignait. Seulement en apparence ! Car, leurs nouveaux voisins – tous blancs – s’étaient concertés pour leur bouffer les climats. A peine avaient-ils emménagé, chacune des locataires mitoyennes à leur logement, prirent Christiane en grippe, en lui cherchant des poux dans la tête. L’une, obsédée par le son de sa télévision, la criblait d’insultes en portant des coups violents sur sa porte d’entrée. Et la seconde, lui téléphonait à maintes reprises, pour lui faire des reproches. La raison : elle parlait trop fort ! Christiane, nonobstant ces démonstration d’intolérance, avait non-seulement de la répartie mais, refusait d’obtempérer. «Elles veulent m’intimider… ? Qu’à cela ne tienne ! » Ladite voisine de droite, d’origine polonaise et qui habitait un appartement deux fois plus spacieux que le sien, se mit à lui rédiger des courriers de plusieurs pages, truffés d’ignominies et de mensonges. Par exemple, elle prétendait que Pupuce, la petite chienne de mon Essentiel, avait pissée dans les escaliers ! Alors, que demeurant au huitième étage, sa maîtresse, prenait l’ascenseur ! La méchanceté et la bêtise sont sans limite… La tête de turc de l’escalier 2, avait mauvais genre, elle était vulgaire… elle possédait tous les défauts possibles et imaginables ! Christiane, finit par s’interroger : ne s’agissait-il pas, d’un canular…? Ne vivait-elle pas parmi un nid de coucous ?? Pour en revenir à Pupuce, l’animal, adorait le 16ème ; cette très chère ! Normal ; elle recouvrait les fastes et le luxe de ses origines pékinoises ; pure races ! Jamais, au grand jamais, elle ne se serait permis de faire pipi dans les escaliers ; elle avait trop d’éducation ! En tout cas, plus de savoir-vivre que ces deux mégères, bonnes pour l'asile d'aliénés ! A ce sujet, elle partit en cuisiner la gardienne en catimini qui, en prenant soin de baisser la voix, lui confia que la bonne femme de gauche, était malade des nerfs. Ma douce, lui répondit textuellement, ceci : à ce point là, elle est bonne pour la camisole de force ! Son interlocutrice se contenta de rire. Quant à l’autre, ce n’était qu’une vieille taupe frustrée et jalouses de toutes les filles jeunes ! Il est certain que mon héroïne, était très soucieuse de son aspect extérieur. Néanmoins, son élégance, ne plaidait pas en sa faveur… La preuve ! Si elle avait été laide, grosse et nippée comme une souillon, elle aurait sans doute échappé à toute cette haine ambiante. Après cette analyse, elle prit le parti de changer d’attitude ; de se fabriquer une cuirasse, afin de cesser de se rendre malade. Depuis longtemps déjà, elle avait été confrontée à la perversité humaine et ceci, à ses dépens. Elle savait qu’il était préférable de simuler les sourds et muets. Toutefois, ma Préférence à moi, devait admettre qu’aux regards des locataires, Juste, lui desservait. Son allure dégingandée, son langage de zonard, ses éventuelles ripostes face aux attaques injustifiées, ne plaidaient pour sa chaumière. D’accord, pour une fois, la destinée l’avait favorisée en lui offrant cet appartement ! Cependant, ce qu’elle lui avait tendu de la main droite, ne lui reprenait-elle pas de la main gauche ?? Qu’avait-elle fait pour mériter cela… ?

 

Cette ambiance toxique ne laissait présager rien de bon. Elle réfléchissait à cela, lorsqu’une soudaine nostalgie, la submergea.

 

Pensive, elle se surprit à regretter le 97, rue des Rosiers et ses voisins sans histoires et si discrets !

 

..................................................................................................... A suivre

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