"Des paroles insultantes ou dégradantes pour notre pays". L'UMP locale voulait l'interdire à cause du morceau "Nique la France", mais le concert du groupe de rap Zone d’expression populaire aura bien lieu
Le concert du groupe ZEP (Zone d’expression populaire) aura bien lieu, samedi soir prochain, au théâtre Geoffroy Martel de Saintes. Ce groupe de rap
lillois, qui vient d’accéder, malgré lui, à la notoriété dans la région grâce à sa chanson, « Nique la France », a reçu hier soir le soutien appuyé du maire PS de Saintes,
Jean Rouger.
Le titre qui fait polémique pointe le refus d’une France raciste, colonialiste et capitaliste, en même temps que les difficultés d’intégration dans la société française actuelle de la jeunesse issue de l’immigration post-coloniale.
Les paroles piquantes ont indigné le responsable de l’UMP en Saintonge, Yves Pouponnot. Ce dernier a demandé en fin de semaine dernière au maire de Saintes de prendre des dispositions pour interdire la diffusion de « paroles insultantes ou dégradantes pour notre pays, ses symboles ou ses habitants ».
Jean Rouger réplique en indiquant qu’il « n’userait pas de son pouvoir de police » visant à prévenir les troubles à l’ordre public. Au
contraire même.
« Ça me paraît un devoir de contester certains aspects du comportement de notre pays, quand il avait autorité sur des pays voisins », commente
le maire de Saintes, en notant au passage que c’est au nom de ce même principe que des «mouvements de démocratie sont en train de s’exprimer aujourd’hui sur le bassin méditerranéen
».
Le directeur du festival Dire le monde, Stéphane Triquenaux, se félicitait de cette issue. « C’est bien que dans une France démocratique et laïque, ce concert puisse avoir lieu. » Et d’appeler une nouvelle fois « au dialogue » avec ceux qui ne partagent pas ces positions. « Il est important de se parler sinon on laisse place à tous les fantasmes. »
- Un CD et un livre
Déclencheur, à son insu, de cette controverse, « Nique la France » est une chanson tirée
d’un CD vendu avec un livre intitulé « Nique la France ».
Ils sont tous deux produits par le sociologue Saïd Bouamama, directeur de recherche à l’Ifar (Intervention Formation Action-Recherche) et un rappeur prénommé Saïd (Il est
issu du groupe MAP : Ministère des Affaires Populaires).
S’exprimant en août 2010 dans l’hebdomadaire « Tout est à nous », une revue éditée par le NPA, ils considéraient que
«l’immigration post-coloniale porte en elle une spécificité qui la distingue des autres immigrations. […] Le stigmate xénophobe, les violences racistes, le statut social inégalitaire
d’immigré et les discriminations ne s’arrêtent pas aux parents, mais s’étendent désormais aux enfants nés français.»
Militant pour une conception « politique » de la nation, ils dénoncent le « retour » d’une dimension « éthnicisante », « tant à droite qu’à
gauche».