Je suis morte, il y a longtemps
Or, je ne sais plus quand ;
Ma vie est un habit lactescent
Rapiécé, au cours des ans
Aigrie, fatiguée, laminée,
Je me réveille sans allant ;
Dehors, l’air est encrassé
De relents ambivalents…
J’ai vécu de tristes moments,
Où le monde n’était que néant ;
On m’a volé mon cœur d’enfant
Qu’un Ogre a avalé en ricanant
J’ai plongé et j’ai émergé ;
Seule, avec l’enfant, j’ai survécu
Pour la choyer, la protéger
Et la conduire vers l’inconnu…
Je suis morte, il y a longtemps
Or, je ne sais plus quand ;
J’ai trébuché hors du temps
Dans des vapeurs d’encens
Jadis, l’amour m’a dominée,
Tout en me désavouant ;
Telle une affliction inavouée,
Aux germes fulgurants !!
Il hante quelques brèches
Occultées dans mon être ;
Mes nuits, sont revêches
Et, mes jours, le regrettent
Je suis morte, il y a longtemps
Or, je ne sais plus quand ;
Ma vie est une paire de gans
Rétrécie, avec le temps…
Me substanter, c’est subir,
Comme une condamnée ;
J’ai éjecté mes fous rires
Qui s’en sont insurgés…
Quoique, mon corps souffre
Et je le sais ; il parle, se plaint
En niant la nappe de soufre
Qui l’empoisonne en vain
C’est certain …